Tu te traines à travers le camps. Tes forces commencent à t'abandonner. Tu ne comptes même plus le nombre de fois où tu as failli mourir, et avec Praimfaya qui arrive, la mort plane encore au dessus de ta tête. Mais là, de suite, tu te rends surtout compte qu'avec toutes les personnes qui ont investi votre camp, c'est peut-être le manque de vivre, qui va vous tuer. Pour ne pas te concentrer là dessus, tu laisses tous ces natifs derrière toi, tu te traînes jusqu'au garage. Ils sont déjà trop nombreux autour de l'arche, ça ne sert à rien de tous s'agglutiner au même endroit, se bousculer les uns les autres, se gêner. Ca risque d'être plus à votre désavantage qu'autre chose.

Tu pousses la porte de ce qui ressemble encore à peu près à un garage, l'espace de Raven. Cette zone n'a pas trop été touché par la bombe humaine qui vous a frappé quelques jours plus tôt. Enfin, les jours se ressemblent tous, tu serais bien incapable de dire combien ont passé depuis ce jour là. Mais vous n'avez pas d'autres solutions. C'est se tuer à la tâche ici, ou mourir un peu plus loin. C'est votre seul espoir de rédemption avec la mort à votre trousse alors pour une fois, tu t'efforces de suivre les règles, d'être utile comme tu peux. Plus vous serez nombreux, plus de chance vous aurez d'en finir à temps pour vous envoler vers l'espace.

L'espace. Tu ne sais pas trop si t'as vraiment envie d'y retourner. Quand tu réfléchis, tout semblait plus simple quand vous étiez là haut. Et en même temps, tout était aussi très compliqué. La vie est compliqué, c'est juste que tu t'en rendais moins compte, tu as grandi depuis, et tu prends conscience des responsabilités qui sont les tiennes. Il t'aura fallu du temps pour ça. Tu soupires et rentre dans l'antre de la mécanicienne. Qu'est-ce que tu ne donnerais pas pour revenir en arrière, pour retrouver un peu plus de cette innocente qui était la tienne sur l'arche. « Raven ? » Tu l'interpelles parce qu'à première vu, tu ne l'aperçois pas. Elle n'est plus aussi souple avec sa jambe, mais elle n'a pas perdu de son entrain, ni de sa bougeotte. Cette femme est une boule d'énergie à elle toute seule, et rien ne peut l'arrêter.

Tu t'avances un peu plus, et enfin tu la repères un peu plus loin, en train de tripatouiller quelque chose que tu n'aperçois pas. Tu ne t'imagines pas à sa place, seule mécanicienne, tous les espoirs sont sur elle pour qu'elle parvienne dans les tas à réparer le moteur endommager. C'est une sacrée responsabilité, et tu n'imagines même pas la pression qu'elle doit se mettre d'elle-même. Elle n'est pas sorti de son garage depuis des jours, s'enfermant dans son espace, son atelier. « J'apporte les ravitaillements, je me suis dis que tu n'aurais sans doute pas pris le temps de t'arrêter deux minutes pour venir manger » La connaissant, elle irait même jusqu'à ne plus dormir. Et vu les cernes sous ses yeux, elle a déjà du commencer le processus. Tu laisses le repas sur un coin pas loin, mais où le sachet ne risque pas de la déranger. Tu sais que tu dois y aller avec prudence, les autres t'ont prévenu, elle a renvoyé dans les roses toutes les personnes qui ont tenté de l'approcher. Et tu la comprends, elle doit être à fleur de peau. La pression n'est pas une bonne amie, encore moins si on la couple avec la faim et le manque de sommeil. « Tu as besoin d'aide ? Je peux faire quelque chose pour t'aider ? » Tu t'es approché, juste assez prêt pour observer ses gestes, ce qu'elle est en train de faire, mais pas assez pour la gêner ou empiéter sur son espace vital. Tu sais que quand elle se met en colère, ce n'est pas une très bonne chose, alors tu préfères désamorcer la bombe avant qu'elle n'explose.