Vivre ici, entre terre et mer, la poisse. C'était son enfer personnel à elle. Elle n'avait jamais rien connu d'aussi fade. Elle s'était efforcée de ne pas partir avec un certain nombre d'a priori, reconnaissant que peut-être la terre avait un certain intérêt. Ca avait été le cas, les premières semaines. Pour rien cacher, elle s'était même éclatée. Manipuler un être humain était grisant. Et c'était si facile de l'amener à commettre le mal. Elle n'avait jamais connu de personnes aussi influençable dans sa vie. Sauf que passé la première et la deuxième semaine, ça avait fini par perdre son charme.

- DAAAAD, pitié, quand rentre-t-on chez nous ?

Et lui, il se moque d'elle, comme si c'était une blague. En d'autre terme, c'est pas pour aujourd'hui, il allait falloir qu'elle s'habitue à vivre ici. Enfer. Horreur. Malheur. Qu'allait-elle pouvoir faire de ces journées ?

- Lizah, ma chérie, c'est toi ?
- Par pitié, non, pas lui.

Les yeux ronds, elle se crapahute par la porte de sortie. Son futur époux, son promis. Alors qu'elle claque la porte, elle entend les rires de son père, et les remontrances de sa mère, mais elle n'en a que faire, que sa mère lui remonte les bretelles. Elle n'a rien à voir avec ce type. Elle doute même qu'il s'agisse d'un véritable démon. Ce n'est pas possible qu'un démon puisse être aussi nié. Elle n'a rien en commun avec lui, elle ne le trouve même pas beau, alors que si y'a bien un trait que tous les démons possèdent, c'est leur beauté fascinante. Non, elle n'oserait pas se lancer la moindre fleure. Quoi que, la vanité est l'un de ces défauts. A elle, comme à tous ces comparses. Elle ne compte pas le nombre de journée où il a fallu qu'elle lui tienne compagnie, et qu'elle n'a fait que s'ennuyer ferme. Et dire que dans quelques semaines, elle sera mariée à lui. L'horreur. Dieu avec un sacré sens de l'humour. Se changer les idées, de suite, c'est d'une urgence capitale. La musique résonne à pleine basse lorsqu'elle passe pré d'une boutique. Enfin, non, il ne s'agit pas d'une boutique, mais d'un club.

- Qu'est-ce ?

Un club, c'est complètement étranger à ses yeux. Ca n'existait pas, là dessous, en enfer. Enfin, bien entendu y'avait tous les petits clubs créaient par les gens contre telle ou telle personne, mais jamais ce genre de club, où la musique bourdonne à fond dans les oreilles. Intriguée, elle pousse la porte. La musique, ça lui parle, ça fait vibrer son corps, ça la rend plus à même d'être compréhensive. Enfin, faut pas exagérer non plus. Elle descend une longue enfilade de marche, et se retrouve dans une sorte de sous sol où des lumières de couleur lui barre la vue, et où la musique est plus forte encore. Les personnes se bousculent sur ce qui semble être la piste de danse, d'autres sont tranquilles installés au fond de canapé, et d'autres, enchaînent verre après verres. Effervescence, c'est l'unique mot qui lui semble convenir. Mais elle est dans son élément ici. Alors elle commande un verre, et va se glisser dans un des canapés libres, en attendant de voir ce qu'il se passe.

Elle se glisse à l'intérieur du bar, que les néons clignotants annoncent comme le Lux. Ok, mais en vrai, elle ne comprend pas ce qu'est cette lumière qui l'aveugle, et cette musique tonitruante qui lui éclate aux oreilles. Ca l'énerve un peu, parce qu'avoir passé toutes ces années en enfer ne lui ont pas permis de se familiarisé avec les choses humaines. Du coup, elle débarque là, mais elle ne compte plus le nombre de chose qu'elle ne comprend pas, qui lui sont étrangères. C'était drôle au début, ça lui permettait de faire pleins de nouvelles découvertes. Puis avec le temps, elle s'est rendu compte qu'elle était plus en marge que les autres, qu'elle était toujours différentes, mise de côté. Et pourtant, elle n'est pas ici depuis très longtemps, c'est sans doute ça le pire. Quand est-ce que ça s'arrêtera ? Quand s'habituera-t-elle à toutes ces choses humaines ?

En revanche, si y'a bien une chose qu'elle aime ici sur terre, c'est l'attitude de ces humains. Cette débauche, cette luxure. Elle ne peut s'empêcher de voir le lien avec le nom du club. C'est un vrai effervescence, et pendant qu'elle observe de son côté, sans se mêler aux gens, elle se rend compte que les humains n'ont pas besoin d'être perverti par le mal pour se vautrer dans la débauche. Ils sont là, à se frotter les uns contre les autres, à se lécher la figure, elle observe même deux ou trois mains qui se perdent dans la culotte de quelques filles. Aucun doute, alcool et sexe sont mis à l'honneur. Ce qui ne la dérange pas. Au contraire, c'est complétement dans ses activités de prédilection. Alors une fois qu'elle a fini de vider son verre, elle fini par te glisser au milieu de la foule. Elle se déhanche au rythme de la musique, se clisse entre les danseurs, et très vite un bassin se colle au sien. Elle glisse ses mains autour de sa nuque, et se frottes un peu plus contre lui. Elle a très vite compris comment ça fonctionnait ici. Et puis, ce n'est pas comme si elle craignait grand chose. Si ce mec a de mauvaise intention, elle pourra très vite s'en débarrasser. Elle souhaite juste prendre du bon temps.

Mais alors qu'elle était en train de s'éclater à murmurer des choses pas très catholique à l'oreille de son beau gosse, un liquide se répand sur son top. « Putain » Elle crache ce mot, les nerfs à fleurs de peau. Elle se retourne, prête à incendier l'idiot qui a commis une telle erreur, et tombe nez à nez avec un sweat qu'on lui offre. Ca la déboussole complétement, et il lui faut bien une minute pour reprendre ses esprits. Elle s'empare du pull sans trop savoir ce qu'elle est censé en faire. Son regard lui, remonte vers le jeune homme, qu'elle trouve torse nu. Et contre toute attente, cela la fait rire. Alors, elle décide de se prendre au jeu. Elle retire son top, se fichant bien de se retrouver en soutif au milieu de la piste de danse, jette le vêtement au sol sous bon nombres de regard attentif et enfile le sweat de ce type. Elle s'approche de l'homme pour venir lui murmurer à l'oreille, histoire de bien se faire entendre au milieu de toute cette musique. « Difficile d'en vouloir à un bel homme comme toi. » Elle fait claquer sa langue contre son palais, alors qu'elle s'éloigne pour croiser son regard. « En plus, c'est comme si de rien n'était, et en plus, j'ai un tout nouveau pull. Comment pourrais-je me plaindre ? » Elle affiche un sourire en coin, papillonne des cils, et joue de ses charmes. Cet homme est clairement le level au dessus de celui contre lequel elle était en train de danser quelques minutes plus tôt et qui semble déjà être passé à autre chose. Elle en ferait bien son quatre heure d'ailleurs. « Tu danses ? » Elle lui fait la proposition, se rapprochant déjà de lui pour coller ses hanches aux siennes. Entreprenante. Elle n'attend pas que la chance lui tombe dessus, elle s'efforce de la provoquer.

Lorsque tous les regards se braquent sur elle, elle se rend compte qu’elle n’aurait peut-être pas dû agir sur une telle impulsion. Mais pour sa défense, la pudeur n’était pas de mise lorsqu’elle était en enfer. En même temps, ce n’est pas désagréable d’avoir l’attention de toute la gente masculine. Avec un peu de chance, elle pourra en profiter, et se sortir de la tête se pauvre type qu’elle est censé épouser dans quelques semaines. Merde, pourquoi a-t-il fallu que cela tombe sur elle. Elle chasse ses tracas de son esprit. Elle n’a pas envie de se concentrer là-dessus pour l’instant. Ce soir, elle souhaite juste s’amuser, profiter, ne penser à rien d’autre. Et l’homme qui lui fait face lui semble tout à fait approprié pour cela. Elle veut bien passer sur son étourderie et ses vêtements foutus mais il va falloir qu’il se donne à 100% pour se faire pardonner. Lui offrir son pull était déjà un bon point pour lui, d’autant plus que son odeur imprègne à présent l’espace vital de la blonde. Leurs odeurs se mélangent pour en former une nouvelle, épicée, et tout à fait envoutante.  

Une proposition, et la voilà qui se met à danser sans même attendre un retour de l’homme. Et elle affiche un sourire. Un large sourire face à la bosse qui se forme contre elle. Au moins, le message est clair. Et puis comme ça, elle ne perd pas son temps avec l’un de ses gars un peu trop prudes qui se mêle à la foule pour mater mais qui n’ose pas bouger le petit doigt. Elle lève les bras au-dessus de sa tête alors qu’elle se frotte contre lui, aguicheuse. Puis elle les passe derrière elle, pour entourer la nuque de l’homme, le poussant à se rapprocher, ne pas hésiter. « Alizah, mais c’est Ali pour les intimes » Elle lui offre un sourire en coin. Elle lui offre son surnom, comme pour lui signifier qu’elle escompte bien le devenir. Intime. « A vrai dire, pas vraiment. J’aime dansée, et ça à l’air d’être l’unique compétence qu’il faille ici, alors j’ai vite trouvé mes repères. Mais c’est la première fois que j’entre ici. » En même temps, pour peu que l’on sache à peu près remuer son corps, ça ne semble pas très compliqué de trouver sa place ici. En rythme avec la musique – qui commence à être assez atroce – elle se retourne pour lui faire face à nouveau. Elle continue d’onduler des hanches, une main reposant sur le torse de l’homme. Elle croise son regard alors qu’elle se fait un peu plus espiègle, caressant sa peau du bout des doigts. Son absence de vêtement lui donne un large avantage. Mais elle ne s’en contente pas. Sa main migre toujours plus vers le sud, venant jouer avec l’élastique de son boxer qui dépasse de son pantalon. Elle s’approche à son tour de son oreille, pour venir chuchoter tout contre lui. « Je ne sais pas toi, mais j’ai très, très envie de t’embrasser. » Elle s’éloigne, avec un léger rire, taquine. La chaleur et les corps qui se pressent autour d’eux fait d’autant plus monter la tension entre eux. « En fait, non. Pour être honnête, j’ai envie de bien plus que ça. » Le souffle de la démone se perd contre le cou de l’homme, jouant un peu plus avec ses nerfs.