Le pendentif autour de ton cou pèse une tonne. Tu le possèdes depuis des années, mais ce soir, son pouvoir s'agite, il ne cesse de briller, de s'éclairer. T'as beau l'avoir glissé sous ton pull, c'est comme s'il possédait une âme bien à lui, qu'il prenait ses propres décisions. Tu t'étais échappé de ta coloc que tu louais en centre ville. T'avais bien essayé de venir cogner après la porte de ta tante, mais celle-ci semblait aux abonnées absentes. Comme toujours, elle n'était jamais là quand tu avais le plus besoin d'elle. Bien, puisqu'il fallait que tu te débrouilles par toi-même. Tu t'étais éloigné de la ville. Il fallait que tu te connectes à la nature, à la flore. Ce n'était pas une tâche évidence dans une ville aussi chronophage et urbaine. Cela dit, ce n'était pas introuvable, il ne fallait juste pas avoir peur de s'exiler, se retrouver loin de tout, dépaysé. Ca faisait bien deux heures trente que tu avais quitté ta tanière pour t'enfoncer toujours plus loin dans les recoin de la ville. Mais t'avais fini par trouver ce qui te convenait, ce coin de paradis, cette clairière. Un peu trop exposé pour toi, mais tu t'en contenterais. Tu ne trouverais pas mieux, et tes mains te démangeait. Ta magie demandait à sortir, à parler aux ancêtres.

Tu tiras ton pendentif de sous tes vêtements, révélant une agate mauve. De celle-ci se dégager une vive lueur, loin d'être naturel. Du moins, elle était bien naturel, puisant dans son entourage. Mais très magique. Tu refermas ton point autour de l'objet, la lumière s'échappant d'entre tes doigts fins. Tête en arrière, et paupières closes, tu ouvres ton âme au ancien, laisse la magie s'infiltrer hors de tes ports. Ton corps comme catalyseur, c'est bientôt toute la clairière qui est illuminé d'une vive lumière. Une lumière qui s'échappe de toi, de chaque parcelle de ton être. Tu nourris les ancêtres, leurs permets de vivre à travers toi. Des volutes de fumées se forment à divers endroits, en cercle autour de toi. Chaque nouvelle forme qui apparaît est un âme supplémentaire. Elles puisent en toi, et bientôt, tu sens comme un fil prêt à se briser, à craquer. C'est trop, trop d'un coup. Tu n'es pas assez puissante pour tant de magie, tant d'appétit. Et le fil se tend, éclate d'un coup. C'est violent, comme si un élastique venait de t'éclater à la gueule. Et tu chavires, te retrouve sur les fesses, étendue sur le sol. T'es vide. Tu n'as plus aucune force. Tu doutes même d'avoir la force de rentrer chez toi. Tu extirpes ton téléphone. Peut-être que si tu appelles ta coloc, elle pourrait venir te chercher. Pas de réseau. Bien sûr, c'était bien ta veine ce genre de chose. Tu glisses à nouveau la pierre bien en sécurité sous tes vêtements, laissant une trace vive et brulante contre ta poitrine au passage.

C'est à ce moment là que tu te rends compte que quelque chose ne va pas. Tu tournes sur toi-même, observe autour de toi. Tu ne repères rien, pourtant tu as cette impression tenu que quelqu'un t'épie. Et tu ne sais pas depuis combien de temps cette sensation se terre au fond de toi, et tu étais parvenu à la faire taire. Est-ce que quelqu'un a été témoin de ce qui vient de se passer. Non. Non, tu te rassures. Ce n'est pas possible. Ce serait une chose terrible. « Vanya reprend toi. Ce n'est qu'un animal. » Oui, sans doute rien de plus qu'un animal sauvage trop curieux qui a été appelé par la magie ambiante.

Rentrant au QG, la preuve dans ton sac militaire, tu soupires en voyant le bordel dans la cuisine. Tu n’es pas maniaque, mais il y a un minimum de rangement à avoir. « Bordel les gars ! » Tu gueules dans la maison, te moquant que vous soyez en pleine nuit et que la plupart des habitants sont en train de dormir. De toute manière ici, c’est toi le chef. Si quelqu’un à quelque chose à te dire, tu l’attends de pied ferme. Des bruits se font entendre dans la pièce d’à côté et soudain, une silhouette apparaît. Petite. Blonde. 7 ans. Endormie en train de se frotter les yeux. Mais quand son regard se porte sur toi, elle court immédiatement dans tes bras, lâchant même son doudou au passage. Tu ris doucement, avant de t’abaisser pour pouvoir la porter et la faire tournoyer. Elle rit aux éclats et cela te fait doucement sourire, mais surtout, cela te fait chaud au cœur. « Comment va ma petite princesse ? » Elle ne te répond pas. Tu tentes toujours de la faire parler, mais tu sais que c’est inutile. Depuis que sa famille a été attaquée deux ans plus tôt par un groupe de sorciers, et qu’elle en est ressortie la seule survivante, la demoiselle s’est enfermée dans un mutisme. Aussi, pour elle, tu as appris le langage des signes. Et c’est ainsi que vous communiquez. Elle t’affirme donc que tu lui as manqué et que Arthur, un autre enfant un peu plus vieux, a mangé tout le chocolat. Tu ris doucement tout en la reposant au sol. « J’irai t’en acheter. » Elle sourit et au même instant, ta sœur arrive. Elle vient te prendre dans tes bras, mais tu vois que son visage est grave. « Il faut qu’on se réunisse rapidement Ay’. On a un problème. »

Après avoir raccompagné Kiraz au lit, tu vas dans la salle de réunion. Plusieurs chasseurs, vêtus de leur pyjama, sont présents. Tu les salues avant de prendre place dans le siège du milieu, celui du chef, ton fauteuil. « Je vous écoute. » A l’écran, ils font défilés de nombreuses silhouettes. Des sorciers. Tu sers les poings. Ces créatures ne devraient même pas existées ! Ils sont tous introuvables. « On va donc se séparer. Les prendre en filature. Ils doivent crever. Tous. » Aussi, vous vous attribuez tous une partie. Et ton regard se porte sur la dernière. La plus discrète apparemment, aussi, personne ne sait si elle est dangereuse ou non. Parfait, c’est toi qui la tueras, en voulant pas risquer la peau de tes hommes. Tu te tournes vers ta sœur. « Je te laisse expliquer à Kiraz pourquoi je suis parti. Et achète-lui du chocolat s’il te plait, Arthur a tout pris. » Elle te le confirme et tu quittes la pièce, les adieux n’étant pas ce que tu préfères. Montant rapidement les marches jusqu’à ta chambre, tu prends une douche rapide. Tu défais ton sac pour reprendre des affaires propres. Et tu regardes la chaîne que tu portes autour de ton cou. Il est temps d’y aller.

Pendant plusieurs jours, tu cherches la sorcière. Et tu finis par la trouver. Parfait ! Laissant ton sac dans ta voiture, tu attrapes un couteau. Découpant ta peau doucement, tu prends une pierre que tu frottes contre ton bras comme si tu étais réellement tombé. Et enfin, le plus dur arrive. Tu prends ta main et tu te brises de force le poignet. La douleur est forte mais tu as vu bien pire que tout ça. Tes cheveux en bataille, tes vêtements déchirés, et tes blessures, personne ne peut se douter que tu as fait tout ça volontairement. Avançant dans la forêt, tu fais un détour. Et tu la repères. Ce qu’elle fait est magnifique, mais tu sais combien c’est dangereux. Alors tu ne te laisses pas attendrir. Même si t’as envie de rire quand elle prend peur. Tu sers ton bras blessé contre toi et tu avances vers elle. « Excusez-moi ? » Tu prends une fois fatigué, épuisé. Sortant des broussailles, tu lèves ta main valide pour lui montrer que tu n’es pas un danger pour elle. « J’ai chuté en faisant de la randonnée et je ne connais pas du tout la ville. Pourriez-vous m’aider ? Ou du moins, m’indiquer comment sortir d’ici ? » Ton visage est fatigué, mais ça, ce n’est pas qu’un jeu. Non tu n’as pas dormi depuis plusieurs nuits, au moins, ça ce n’est pas de la comédie.