Sa respiration s'accélère, ses muscles se crispent, mais il ne relâche pas la pression. Une grande inspiration plus tard, il lâche sa prise sur la ficelle, et la flèche file, droite pour aller se planter en pleins au centre de la cible. Bingo. Un tir parfait. En plein dans le mille. Mais il ne peut même pas s'en venter. Seul le silence de la forêt le récompense. Mais en vérité, ça ne le gêne pas plus que ça. Il aime le silence, la tranquillité. Ce n'est pas plus mal, vu la vie que ses parents ont décidé de mener y'a de cela quelques années, avant même qu'il vienne au monde. Il est né ici, au cœur de la forêt, à l'abri des montagnes. A l'abri de la férocité du monde extérieur. Ils ne sont pas dans l'ignorance. Parfois, des monstres s'attaquent à leurs camps, mais ils sont armés pour les recevoir. Pas les mêmes armes que leurs compatriotes, mais ils ne se laissent pas faire pour autant. Il n'est jamais vraiment sorti de cette forêt. Quand ses parents lui parlent du monde extérieur, des académies, des guerres de pouvoirs... Toutes ces choses ne lui donnent aucune envie.

De toute façon, à quoi bon ? Sa vie est ici, auprès des siens, de ses proches, et pas ailleurs. Certaines les traiteraient de paria, parce que d'une certaines manières, ils déshonore leur rôle de gardien. Mais chez eux, toutes ces promesses n'existent pas. Eux, ils ne sont pas là pour survivre, mais pour vivre. Il glisse une nouvelle flèche dans son arc, bandent son bras et vise la cible. Cela exige une énorme concentration, un savoir faire précis. On s'imagine tous que le tir à l'arc est un exercice facile. Mais lorsque leur met l'arc dans les mains, ils ne savent plus quoi en faire, à peine réussissent-ils à faire autre chose que se tirer une flèche dans le pied. Nouvelle profonde inspiration, il s'apprête à tirer quand une branche craque, signe d'un prédateur en approche. Aussi tôt, son arc change de cible, il pivote sur la droite, et c'est une jeune femme qui se retrouve dans sa ligne de mire. Une petite brune, assez frêle, mais il ne se méprend pas. La taille ne fait pas tout. « Etes-vous folle ? J'ai bien failli vous embrocher. » Il abaisse son arc, reste sur la défensive quand même. Juste au cas où. « Je ne vous connais pas. Vous n'êtes pas d'ici. » Par ici, il entend la forêt, son camp, chez lui. Tout le monde se connait dans la tribu.

En temps normal, la première chose qu'il aurait dû faire, c'est alerté le camp. Une personne étrangère est synonyme de menace, qu'importe la race, ou le sexe. Il est de son devoir de prévenir les autres, pour qu'ils soient paré à affronter n'importe quelle menace. Mais là, sans savoir pourquoi, il a comme l'impression qu'il ne risque rien. Ca ne suffit pas, une impression, et certaines personnes sont très doué pour jouer double jeu. Mais déjà, il sait qu'il est face à l'une des siennes, du moins, face à une dhampire. Ce n'est pas une strigoï, et c'est déjà une bonne nouvelle. S'il y a lutte, non seulement ils seront à force égale, mais y'a plus de chance qu'il s'agisse d'une lutte d'opinion qu'un d'un véritable combat.

L’attaque a été rude. Les pertes sont nombreuses. Bien trop nombreuses. Mais Soledad n’a pas dit son dernier mot. Elle ne laissera pas un seul strigoï s’en sortir. Encore pire, lorsqu’elle découvre que son moroï est mort sous leurs crocs. Elle était de repos aujourd’hui, aussi, elle se sent encore plus fautive de tout ça. Courant à travers la forêt, pieu à la main, la brune en poursuit un depuis des jours. Elle ne lui a laissé aucun répit. Elle a des cernes sous les yeux, alors que son corps hurle pour qu’elle se repose. Mais elle ne peut pas, elle ne doit pas faillir à sa mission. On lui a ordonné de tuer ce strigoï, elle ne s’arrêtera que lorsqu’elle l’aura tué. Ou qu’elle sera six pieds sous terre.

S’arrêtant, Soledad regarde la branche brisée. Elle fronce les sourcils. Observant avec attention ce qui l’entoure, elle remarque ainsi les traces de pas qui partent dans une autre direction. Malin mais pas assez. Elle le suit donc et sent un courant d’air. Elle a juste le temps de bander tous ses muscles, alors que tout son corps est projeté. Elle atterrit contre un tronc d’arbre et grimace. « Connasse de dhampir. » Elle rit, avant de se redresser. Attrapant son pieu bien en mains, elle se jette contre le dhampir. Il tente de la mordre, mais elle arrive à éviter ses crocs. Son poing percute la joue du monstre, mais c’est comme si elle frappait de la pierre. Tentant de lui enfoncer le pieu, il bouge au dernier moment. Aussi, elle ne lui plante pas dans le cœur mais un peu au-dessus. Et il l’envoie voler une nouvelle fois. Cette fois, elle doit avoir quelque chose de casser. Elle a le souffle court. Elle voit le strigoï qui se jette sur elle. Soledad attrape son second et dernier pieu. Elle se prépare à l’impact. Le strigoï lui plante son pieu dans le ventre, lui coupant le souffle. Mais malgré la douleur, elle enfonce le sien dans le corps du monstre. Et enfin, enfin ce combat prend fin.

La douleur dans son abdomen est horrible. Elle plaque ses mains contre la plaie, après avoir retiré le pieu, qu’elle a remis à sa ceinture. Mais le sang se déverse, elle va mourir. Il faut qu’elle sorte d’ici ! Avançant, elle se force à marcher droit devant elle. Ainsi, elle finira tôt ou tard par sortir de cette forêt. Mais soudain, Soledad se retrouve pointer par un arc. Le jeune-homme est sur la défensive. Elle le comprend, mais elle a besoin de son aide. Sortant de la végétation, elle s’effondre contre lui, le tâchant du sang qu’elle a sur les mains. « Vous devez m’aider … et après … je rentrerai chez m… » Mais le noir se fait. Soledad perd connaissance, à cause de sa blessure et du sang qu’elle a perdu à cause du vampire.