Face à son armoire, elle hésite depuis bien une demi heure sur la tenue à enfiler pour une telle soirée. C'est difficile car la moindre erreur pourrait lui couter chère. Après les derniers événements, elle est attendu au tournant, et elle n'a pas le droit de faire preuve de faiblesse. Ce soir, elle doit apparaître à la fois classe, sobre, mais aussi éclatante. Elle opte pour une robe blanche, cette couleur est parfaite pour faire ressortir sa douceur, et sa timidité qui apparaît au premier coup d'œil. Mais pas décidée pour autant à ne faire ressortir que son côté petite fille, cette robe rompt son coté sage avec ses épaules dénudés, et son décolleté outrageux. Elle s'observe une dernière fois dans la glace qui lui renvoie son reflet. Aucun doute, son choix va faire jaser.

Partie en avance de chez elle, elle se rend compte qu'elle n'est pas l'unique personne a avoir tenue à se rendre si tôt à cette soirée. Pour cette première fête donner en l'honneur du nouveau roi, les choses n'ont pas été fête à moitié. Les invitations ont été envoyé en grande pompe, la salle de réception a été redécoré pour laisser place à un décor somptueux. Cette soirée en met plein la vue, y'a pas de doute. Si certaines personnes ignoraient encore qui étaient Cardan, quelle genre de personne il était, plus personne ne pourrait avoir le moindre doute à l'appellation de son prénom après ça. Sur son passage, les têtes se retournent, les regards s'agrandissent, mais elle ne s'arrête pas, ne leur accorde pas la moindre attention. Avec le temps, elle a réussi à se faire une place, à laisser derrière elle la jeune femme naïve, qui se faisait marcher sur les pieds.

« Pouvez-vous me dire où est le roi Cardan, s'il vous plait ? » Elle hèle une personne qu'elle n'a encore jamais croisé ici. Qu'importe où se porte son regard, elle n'aperçoit pas ce dernier. Ce n'est pas normal. N'est-il pas censé être la star de cette soirée ? Du bout du doigt, l'homme lui indique de prendre sur sa gauche. D'un signe de tête, elle le remercie, et se lance à la recherche du roi. C'est dans un recoin sombre qu'elle le retrouve, accoudé contre les pierres froides de la demeure. « Cardan qui se cache, on aura tout vu.. » Elle laisse planée sa phrase sans l'achevé. Elle a conscience qu'il n'appréciera pas cette pique, mais c'est devenu le nouveau rythme de leur relation. « Cette couronne te sied à merveille. » D'un geste vif, elle cogne dans la couronne pour la lui mettre de travers. Aucun doute, elle jubile de cette situation qui à lui, lui déplait au plus haut point. « Tes invités t'attendent, ne reste pas planté là. »

Etre roi, ce n’était clairement pas quelque chose qui allait lui coller à la peau. Cardan était énervé contre Jude de l’avoir trompé de la sorte et pourtant, maintenant, il n’avait plus d’autres choix. Il devait gouverner ce royaume, du moins, aux yeux de tous. Puisqu’en réalité, il n’y a qu’une seule personne qui peut décider ce qu’il en est de l’avenir des terres : Jude. Grimaçant devant son miroir, l’ancien Prince s’admire, se demandant ce qu’il va bien porter pour cette soirée organisée en son honneur. Sa queue bouge nerveusement le long de sa jambe, signe qu’il est loin d’être serein. Finalement, son choix se porte sur un pantalon noir, des bottes de la même couleur. Une chemise blanche légèrement déboutonnée sur le devant, et une veste queue de pie noire également. Pour se coiffer, Cardan passe une main dans ses boucles brunes. Et finalement, glisse la couronne sur sa tête. Elle semble peser bien trop lourde, loin d’être faite pour lui. Pourtant, le jeune-homme se force à se redresser, gardant sa tête haute, afin de faire croire à tous que rien ne pourra l’atteindre.

Sortant de ses appartements royaux, le brun a encore du mal à se faire à l’idée des nombreux gardes qui se glissent à sa suite. Ses propres guerriers. Attrapant un verre sur un plateau qui passe au même moment à côté de lui, le Roi vide la coupe d’une traite. Personne ne peut rien lui dire, il est le souverain maintenant. Fini les coups de ceinture. Finis l’humiliation. Enfin, pour ça, il doit encore trouver un moyen de ne plus être sous les ordres de Jude, sa nouvelle et belle sénéchale. Se glissant parmi les convives, Cardan n’y reste pourtant pas. Il attrape un verre et s’éloigne, les doigts se serrant autour des fruits qu’il mange rapidement. Vidant une nouvelle fois sa coupe, le brun s’appuie contre le mur avant de grimacer en voyant la belle humaine qui arrive. Elle l’agace autant qu’elle l’attire. « Je ne me cache pas, j’observe. » Il roule des yeux, agacé par cette réplique complètement fausse. Et quand bien même elle serait vraie, il est hors de question pour Cardan de l’avouer. Mais bien sûr, elle n’en a pas fini. Elle parle de cette couronne. Cette satanée couronne qu’elle lui a collé sur la tête pour sauver son frère. La regardant avec défi, le brun se décide à la provoquer. « C’est un ordre ? » Va-t-elle oser le défier, de lui donner des ordres, alors qu’il y a des oreilles indiscrètes ? Elle serait mal si on venait à l’entendre donner des consignes à un souverain. Lorgnant sur son décolleté, il reprend une gorgée de sa coupe. « Tu prends tes marques en tant que nouvelle dirigeante ? » Bien sûr, c’est elle qui tient la couronne en réalité. S’éloignant du mur, Cardan va rejoindre les invités. Et il prend ce qui se rapproche le plus à de la drogue. Jude n’a qu’à râler, il s’en fout. Montant debout sur son trône, il lève son verre comme pour porter un toast. « Mes amis, amusez-vous. Buvez et mangez sans modération, ce soir, nous sommes là pour nous amuser. »

Choisir la tenue parfaite n'a pas été une mince affaire. Parce qu'elle n'ignore pas que dans un monde comme celui-ci, chaque détail est pris en compte. Les adversaires sont pires que des piranhas face à de la viande fraiche. Ils n'offrent pas de seconde chance, elle est bien placé pour le savoir, pendant des années elle s'est laissé faire, elle s'est laissé marché sur les pieds. Mais aujourd'hui, c'est fini. Aujourd'hui elle ne laissera plus jamais personne lui dicter ses actes. Et son plan était déjà bien en marche. C'est elle qui avait le pouvoir, elle qui décidait.

Enfin prête, elle s'était pointée à la fête. C'était nouveau pour elle. En temps normal, c'était le genre de fête où sa soeur aurait été invité mais qu'elle n'aurait même pas eu le droit d'imaginer. Et en vérité, elle n'avait jamais espérer faire parti de ce genre d'invité, ça ne l'intéressait pas d'être là, mais elle se devait d'être présente pour surveiller les moindre fait et geste de Cardan. Elle se doutait que si elle n'était pas derrière lui ce soir, cette soirée deviendrait un véritable désastre. Alors elle fend la foule, se faufile à travers les invités, jusqu'à découvrir un roi qui se terre dans son coin, loin des yeux et des oreilles. Elle ne rirait presque. Cardan qui se cache, c'est clairement du jamais vu. Lui qui, quelques mois auparavant aurait marché sur les pieds des autres pour être sur le devant de la scène. C'était risible « Je n'en crois pas un mot..  » Elle lui montre bien que son attitude ne la trompe pas, ça ne prendra pas avec elle. Elle n'est pas sans ignorer qu'il ne la voulait pas, cette couronne. Il est terrifié par l'avenir. Parce qu'il ne contrôle plus rien. « Ben sûr que non, je n'oserais pas mon roi. Je me permets simplement un conseil fort avisé. » A force d'observer elle-même, elle est passé maitresse dans l'art de retourner les mots à son avantage. Elle s'approche de lui pour se pencher juste devant son nez, et venir lui murmurer à l'oreille. « Je t'en pris, ne te gêne pas. J'ai mis tellement de temps à choisir cette robe, autant qu'elle soit rentabiliser par tes coups d'œil loin d'être discret. J'ai toujours su que je te faisais de l'effet. » Elle fait claquer sa langue avant de s'éloigner de lui. Elle ne s'en cachera pas, elle adore cette situation où elle contrôle l'avenir. « Ne fais pas cette tête. J'ai de grand projet pour toi. » Des projets, elle en avait même des tas. Mais encore fallait-il qu'il ne gâche pas tout. Et lorsqu'elle le voit agir, monter sur le trône, vaciller, elle n'en ai plus aussi sûre. Il va bien finir par tout foutre en l'air à jouer les idiots de cette manière. Parce qu'elle ne contrôle les choses que tant qu'il est roi. S'il venait à perdre sa place, elle n'aurait plus aucune carte en main, et ça, c'est bien hors de question. Elle ne peut pas lui permettre de tout gâcher. Alors, à peine son speech terminé, qu'elle glisse son bras sous le sien, pour l'attirer un peu plus loin. Loin de l'agitation, des regards indiscrets. « A quoi tu joues, au juste ? Dois-je te rappeler que l'on a un accord ? Tu veux quoi ? Te faire tuer ? » Elle est en colère contre lui, et c'est un sentiment qu'elle ressent beaucoup trop souvent à son égard. Elle devrait restée de marbre, indifférente, ne pas lui montrer qu'il est capable de reprendre la main, de la contrôler d'une manière ou d'une autre.

Cardan n’aime pas être roi. Il n’est pas fait pour ça, il n’aurait jamais dû accéder au trône. Surtout que ça l’agace, c’est qu’il n’est pas libre de ses mouvements, alors qu’il est censé gouverner. Non celle qui tient les rênes en réellement, c’est Jude. La belle brune a tous les pouvoirs sur lui. Sauf lorsqu’ils sont au milieu des autres, où chacun pourrait écouter ce qui se dit entre eux, là Jude ne peut intervenir. Et c’est ce qui va se passer actuellement en la fête donnée en l’honneur de Cardan. Il fallait organiser un événement festif pour le nouveau Roi, aussi c’est bien l’occasion de pouvoir en profiter. Attrapant une seconde coupe, ainsi que quelques grains de raisin, Cardan n’a pourtant pas envie de rester au milieu de tous. Il ne se sent pas à sa place et pourtant, maintenant, il va devoir s’y faire. Voyant sa belle sénéchale qui arrive, Cardan doit se faire violence pour ne pas la détailler. Elle est vraiment magnifique à n’en pas douter. Bien sûr, il n’est pas en accord avec ce qu’elle dit, aussi, le Roi la contre. Et même si elle avait raison, jamais il n’irait lui avouer. Mais comme à sa grande habitude, Jude n’en a pas fini. Et Cardan la provoque. Il y a du monde qui peut les entendre, aussi, il veut voir jusqu’où elle est prête à aller. Si elle fait un faux pas, elle sera arrêtée et ne pourra plus lui donner d’ordres. Quand la brune lui répond, un rictus se fait sur les lèvres de Cardan. « Je l’espère bien, sénéchale. Je suis le Roi, ne l’oublie pas. » Ainsi, il lui rappelle le rang inferieur dont elle a hérité. Il est au-dessus d’elle, peu importe qu’elle lui dicte ce qu’il doit faire. D’ailleurs il ne se fait pas prier. Regardant son décolleté il prend une gorgée de sa coupe. Il admire la vue et ce n’est pas nouveau. Depuis le premier jour, Cardan a toujours vu Jude telle qu’elle était : une femme qui l’agace autant qu’elle l’attire. Aussi, il ne peut renier qu’il aimerait bien la mettre dans son lit. La brune s’avance pour venir murmurer à son oreille. Bien sûr, elle aime ce contrôle qu’elle exerce sur lui. Mais actuellement, au milieu des convives, Jude ne peut rien faire. « N’oublies pas que je peux faire ce que je veux de toi actuellement, devant tout le royaume. » Lui aussi a de grands projets. Et si elle le provoque de trop, il se fera un malin plaisir à lui montrer. S’éloignant de l’endroit où il s’était réfugié sans un regard de plus pour elle, ne lui laissant le temps de répondre, Cardan rejoint les invités. Attrapant ce qui se rapproche le plus à de la drogue, il en boit une longue gorgée avant de grimper sur le trône et de porter un toast en levant son verre. Tous applaudissent et rient, et Cardan descend de son perchoir. Et quand il voit Jude qui se dirige vers lui, il sait parfaitement qu’elle n’a pas apprécié son petit discours. Tant pis, à l’heure actuelle, c’est lui qui porte la couronne et non elle. Bien sûr, la brune l’entraîne à l’écart, ce qui attire les regards. « A quoi je joue ? Je souhaite simplement une bonne soirée à mes invités. Enfin je devrais dire, nos invités. » Le Roi lâche un rire sans joie avant de reprendre rapidement. « A moins que tu ne veuilles faire un discours ma chère ? Vas-y je t’en prie, mais je pense que tu auras du mal à justifier tout ça. » Sans attendre encore une fois sa réponse, le brun la plante là. Marchant jusqu’à la salle, l’ancien Prince voit que la débauche s’est installée dans la soirée. Parfait ! Un bon amusement. Attrapant une femme par la taille, elle est ravie d’avoir attiré l’attention du Roi. Elle vient à coller son corps contre celui de Cardan. Il sourit doucement, alors qu’elle mordille son cou. Mais lui, bien qu’il aime les femmes, elle n’a pas d’importance à ses yeux. Non ses pupilles sont plantées dans celles de Jude à l’autre bout de la pièce, qui semble furieuse. Cela le fait sourire, alors qu’il descend sa main doucement sur le décolleté de la blonde. Au fond de lui, il la provoque et il veut voir comment elle va l’empêcher cette fois-ci, sans que son attitude soit suspecte. Parce que bien qu’il soit sous son charme, il a remarqué que la réciproque est vraie. Aussi, Cardan décide de jouer.

Depuis peu, Jude a l’impression d’être elle-même. Depuis qu’elle était ici, elle ne s’était jamais senti à sa place. Rejeté. Intruse. Mais depuis les récents événements, sa vie avait pris une tournure bien plus intéressante. Et pour cause, elle avait du pouvoir, de l’emprise. Et c’était grisant. Plus on avait du pouvoir, plus on en voulait. Et c’est bien pour ça qu’elle avait du mal à laisser Cardan en maitre de soirée. Encore plus lorsqu’il s’amusait à l'exaspérer. S’ils n’étaient pas au milieu d’une foule d’individu venu de tous les recoins du royaume, aucun doute qu’elle lui ferait la moral. Mais ici ? Ce serait mal perçu. Alors, elle tente de se calmer, de prendre son mal en patience. Et aucun doute qu’elle lui fera payer son attitude une fois qu’ils seront seuls, il ne perd rien pour attendre. Face à ses paroles, elle avale sa salive. Parce que dans le fond, elle ne sait pas si c’est parole la répugne, ou au contraire, déclenche quelque chose – un désir – en elle.

Ça l’exaspère, qu’il s’amuse de la situation. Il ne se rend pas compte qu’il a sans doute tout à perdre lui aussi. Parce qu’elle ne serait pas la seule à tomber s’il venait à commettre un faux pas. Ils chuteraient tous les deux. Ca la fait grincer des dents, mais elle se tait, parce qu’elle n’a pas les moyens d’agir sans que cela est la moindre répercussion. Alors, au lieu de ça, elle se retranche dans son coin, et elle l’observe s’adonner à ses jeux cruels. Le cœur au bord des lèvres, elle l’observe s’approcher de cette femme, répondre à ses paupières qui papillonnent. Quelle cruche. Elle ne la connaît pas, mais elle l’a déteste instantanément. Si au début elle s’efforce de ne pas faiblir, de ne pas le lâcher du regard pour surveiller ses arrières, très vite ca devient trop compliqué. Surtout lorsqu’il la défi du regard alors qu’il parcourt la femme de ses mains. Son cœur manque un battement et sa gorge se noue. Lorsqu’elle sent ses yeux lui piquer, elle détourne le regard et s’échappe sans prévenir vers l’immense escalier qui mène à l’étage. Merde. Il faut qu’elle se reprenne. Elle ne sait même pas ce qui l’affecte à ce point. Elle n’a pas le droit de pleurer pour un type comme Cardan. Elle ne doit pas lui faire se plaisir.

Elle se réfugie dans une des nombreuses salles de bain. Lorsqu’elle observe son regard dans la glace, elle se trouve fatiguée. Elle a réussi à se reprendre avant que les larmes ne coulent, mais elle ne se trouve même pas attirante. Elle aurait besoin de repos. Et de reprendre du poil de la bête. Parce qu’elle fait peine à voir ainsi. Elle devrait rejoindre la fête, avant qu’il ne se mette à faire ou dire des conneries. Mais elle n’en a aucune envie. Elle n’a pas envie de se retrouver face à l’imagine du jeune homme avec sa poupée dans les bras. « Va te faire voir, Cardan » Ca lui donne un peu plus de force et elle sort de la salle d’eau, rebroussant chemin jusqu’à la chambre du roi, quelle pénètre sans la moindre hésitation.

Elle est en colère, et elle va lui faire payer qu’il n’est pas respecter leur accord. Il a jouer sur les limites pour profiter de la soirée, et ça la met hors d’elle. Arriver dans la chambre, elle extirpe un poignard, et le plante dans tous les édredons présents sur le lit. Si bien que lorsqu’elle en a fini, des plumes s’échouent partout et sa croche dans sa chevelure. De colère et d’énervement, ses yeux ont finis par s’embuer de nouveau. « Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste. Stupide roi de pacotille. ».